Vie inconnue

Tu ne t'y habitues pas. Tout demeure étranger, lointain, rêve qui se prolonge jour après jour. A chaque claquement de porte, à chaque cri inconnu, tu t'attends à te réveiller en sursaut dans ta ville, plus jeune d'un an, plus innocente, effrayée tout d'abord, puis rapidement rassurée par les contours familiers -le mur à ta gauche, la table de chevet à ta droite avec ta lampe à portée de main, ta pile de livres, le parquet, le tapis sur lequel est tombée la couverture lors de ton sommeil d'une nuit long comme trois-cent jours...Mais tu ne te réveilles pas. Ou du moins tu te réveilles toujours dans cette chambre inconnue, et il te faut te lever, te préparer, prendre ce chemin que tu connais à présent par coeur et que tu empruntes machinalement, monter dans le métro, te taire, guetter le moindre crissement, le moindre indice qui ferait tout s'écrouler, qui déchirerait le voile. Tu n'es pas folle, mais cette vie te tue car tu ne parviens pas à l'accepter, parce qu'elle te reste distante, parce que tu ne te l'appropries pas ; tu n'es pas folle mais cette vie n'est pas la tienne.

Comments

[tassedecafe]

Stupeur...