Quelque chose que je ne comprends pas
Une étrange satisfaction de moi-même. Un écart effarant entre mon reflet et ma maison intérieure, mon chez-moi bien protégé. Protection essentielle à ma survie. J'ai décidé de donner une chance à l'existence sans filets, à ignorer le suicide quotidien, à balayer mon trottoir tous les matins. J'ai abandonné des habitudes comme on sème derrière soi de minuscules morceaux de pain. Mes actes sont inconsidérés, bruyants, hésitants. J'attire les regards intrigués, j'inspire l'espoir absurde. Mes impulsions sont imprévisibles : autrefois nocives voire destructrices, elles sont à présent neutres, idiotes ou candides. J'ai développé un second monde, un centre d'énergie pour tester l'irrationnalité, pour découvrir mes six sens. Me voilà qui passe mes nuits à creuser, ronger, plonger à travers des rêves triviaux. Lorsque le soleil pointe quelques rayons, j'éclate, je bouillonne, j'explose au visage d'inconnus. J'aurais voulu hurler de bonheur, immoler les hommes par la joie, mais je suis si pleine de contradictions que mon corps ne crache que de l'incompris. Ma métamorphose n'est inscrite sur aucune carte.