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Explosions Libertines
9 décembre 2012

Entre nos squelettes il y a un coeur

Je voulais disparaître silencieusement. Que mon départ passe inaperçu, que ma fin soit aussi vaine que l'avait été ma vie. Mais nous ne vivons pas dans un monde où les corps se dissolvent dans l'air. J'étais constamment observée, si bien qu'il m'eût été impossible de m'en aller sans au revoir. Or les adieux m'avaient toujours été intolérables. Comment trouver les mots pour parler à ceux qu'on ne verra plus ? Que leur dire pour apaiser leur peine, comment calmer une douleur que nous-mêmes ne connaîtrions pas ? Les lettres d'adieux avaient, la plupart du temps, un arrière-goût d'hypocrisie. A quoi bon s'expliquer ? Pourquoi prendre le temps de s'excuser, d'enfiler des phrases les unes après les autres pour pardonner, absoudre, rendre, démunir, blâmer, écraser ceux qui resteront ? Notre fuite est la seule réalité. Notre absence sera l'unique preuve.  Les mots ne pourront rien contre cela, inutile de le nier. 
J'étais confrontée à mon intense désir de mort et la nécessité de saluer des êtres qui m'avaient aimée. J'étais incapable de me résoudre à prendre une décision. Je demeurai donc présente, oscillant entre mes pulsions. Je me sentais comme un arbre guettant la foudre. 
Mais il n'y a pas eu d'orage.
Il n'y a pas eu d'éclairs.
Peu à peu, la pluie a cessé. Le ciel est devenu gris. Le brouillard s'est dissipé comme un lever de rideau. Il n'y a pas eu de tragédie tant attendue. Mon désir de disparition s'est lentement enfoui en moi, démon grimaçant, monstre qui se cache entre mes artères.
Ma présence noire fait la nuit sur le monde.

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