Perte

J'aurais voulu me pendre à autre chose qu'à ton cou. Mais je t'ai souri comme la première fois, comme si rien n'avait changé, comme si j'avais bu mon café avec plaisir. Comme si je voyais encore la beauté du ciel et la couleur de tes yeux. Mais tout était noir, tout était absent, et je ne pensais plus qu'à l'inutilité de ma présence. La réalité, ce jour-là, était si lointaine qu'il me semblait que j'évoluais à l'intérieur d'un roman, que ma vie était une oeuvre de fiction, que rien, jamais, n'avait été ni ne serait vrai. 
Lorsque je cherche une cause à ce qui m'arriva ce jour-ci, je ne sais pas quelle hypothèse me terrifie le plus : était-ce un aperçu de la folie qui me guette, quelque part, toujours prête à se jeter sur moi, ou bien avais-je effleuré le sens profond de l'existence ?