Quotidien
Lève-toi, ta vie n'est pas un mensonge. Le jour t'attend derrière le rideau. Tu repousses les couvertures, dévoilant ta poitrine, ton ventre, ton sexe pudiquement caché par un morceau de tissu, tes jambes enfin, tes pieds abimés par le cuir trop dur de tes chaussures. Tes bras se tendent, un bâillement déforme ta bouche. Tu te lèves enfin. Morceaux de corps qui reprennent une unité, mouvements désaccordés, hésitations ; un pas. L'étourdissement est passé, tu vas reprendre ta routine, tes rêves se sont échappés lorsque tu as soulevé tes paupières. De cette nuit, il ne te reste qu'une vague impression de déjà-vu, de déjà-vécu ; comme si toutes les nuits étaient les mêmes, grises et lentes. Ton sommeil est identique chaque soir, calme, silencieux, raisonnable. Miroir de ce que tu es devenu, de ce que tu te forces à demeurer, de ce que tu as appris à être. Image tranquille sur laquelle le temps passe, fissurant la peau, creusant les rides, achevant patiemment celle qui a renoncé depuis longtemps.