Je ne veux pas du désespoir
Mon refus de l'existence est imprécis. Mes tentatives de suicide sont innocentes, craintives, masquées ; elles ne sont réelles que dans mes rêves. Chaque nuit est un meurtre de mon image, pourtant, je n'en tire aucune tristesse, seulement une déception légère -pourquoi toujours ces mêmes songes, quand il me serait possible d'imaginer quelque merveilleux paradis où vivre mes heures nocturnes ?
Je me sens désaccordée, mal-accordée, déplacée d'une rue à une autre, d'une femme à un homme, d'étrangers en étrangers. Les visages ne me sont jamais familiers. Je ne parviens pas à me fondre dans une masse quelconque. Mon intégration est une désintégration, je ne connais rien, je ne sais rien, je ne comprends rien. Il me semble parfois que mon détachement est total et indéfectible.