Méditation enfantine

J'ai sur les doigts l'odeur de mon premier été dans cette ville. Je n'y connaissais encore personne. J'étais seule et je me sentais libre, détachée de tout, écartée du monde par une force intérieure. Ma vie est faite d'immenses parenthèses, je n'y trouve guère d'unité. Les mois défilent et ne forment pas un ensemble logique, les semaines ne s'accordent pas, les jours ne tracent aucun chemin déterminé. J'avance vers l'inconnu et parfois, je retourne sur les lieux de mon passé. A travers ce parfum, je me rappelle de mes errances nocturnes, des sanglots dans ma chambre bleue, des dernières notes de musique que je jouais. Je me souviens des multiples lectures, des méditations tardives et des regrets lourds au fond de mon estomac. Je ne saurais dire si j'ai changé ou non. Mon esprit retrace des évènements mais ne parvient pas à en extraire de quelconques conclusions. Peut-être que je tourne en rond dans mon propre corps. Peut-être ma vie n'est-elle que l'éternel recommencement de ce que je suis.